• Jérôme Dupeyrat
  • texte publié dans la revue Superstition suite à l'exposition Insolitus à L'artothèque de Pessac

  • Julien Zerbone
  • texte publié à l'occasion de l'exposition Insolitus à L'artothèque de Pessac

  • Didier Arnaudet
  • texte publié dans l'édition réalisée à la suite de la résidence à Monflanquin (Pollen)

  • Isabelle Delamont
  • texte publié dans l'édition Atelier de la chute

  • Christophe Kihm
  • texte publié dans le catalogue de jeunisme 2 par le FRAC Champagne Ardenne

  • J. Emil Sennewald
  • texte publié dans le catalogue du 55ème salon de Montrouge

  • Julien Zerbone
  • texte publié dans l'édition réalisée à la suite de la résidence à Monflanquin (Pollen)

  • Entretien avec Nathalie Sécardin


  • TEXTE PUBLIÉ DANS LE CATALOGUE RÉALISÉ SUITE À LA RÉSIDENCE À MONFLANQUIN (POLLEN)

    La maison est étrangement géante. L' espace est un personnage que vous n'arrivez pas à saisir. Il vous entoure de sa force mouvante, vous guette et se déplace en même temps que vous. Il est là, devant vous, et pourtant il vous absorbe entièrement dans son élargissement constant mais sans jamais livrer l'intégralité de son étendue. Les objets vous dépassent, vous pressent et vous sollicitent. Vous ne savez pas ce qu'ils attendent de vous. Ils ne semblent pas appartenir au même univers que vous. Ils vous poussent à des gestes inachevés, souvent aveugles. Vous les approchez en tâtonnant et vous ne percevez que trop tard les pièges qu'ils dissimulent. La tondeuse est forcément impressionnante. Elle ressemble à un insecte. Son immobilité vous intrigue, vous encourage à agir. Vous vous donnez beaucoup de mal pour vous suspendre à ses drôles d'antennes. Vous découvrez alors la maladresse cruelle de sa soudaine agitation. Le four est puissamment massif. Vous avez envie de lui desserrer les mâchoires, de faire entrer un peu de lumière dans cette masse obscure et d'explorer sa profondeur inconnue. Vous ne vous méfiez pas de la brutalité de cette bouche qui se referme sans crier gare. La chaise est obstinément haute. Vous ne pouvez que l'escalader. Vous cherchez les prises les plus sûres. Où poser le pied. Vous misez sur une stabilité. Mais elle se rebelle. Vous n'avez plus d'alternative. Vous venez de comprendre que descendre sera encore plus difficile. La poignée est monstrueusement élevée. Vous devez l'atteindre pour ouvrir la porte. Vous multipliez les sauts et les retours au sol. Vous êtes pressé d?en finir. Vous prenez le risque de retourner la situation contre vous car la porte vous ignore pour mieux vous surprendre. La bouteille est sévèrement redoutable. Vous savez qu'elle va se rebiffer, vous échapper. Inutile donc de faire connaissance. Vous la regardez alors l'air de lui dire, n'abusez pas de ma patience, vous pourriez le regretter. Mais vous savez que cela ne suffira pas à l'impressionner. L'escalier est délibérément intransigeant. Ce besoin de compliquer, d'entraver, le laisse sans repos. Vous prenez cela pour un entêtement méchamment efficace. Il vous impose des haltes et de nouveaux élans, des pauses et de nouvelles lancées, et sanctionne durement la moindre défaillance.